À la tête d’un ministère aussi stratégique que celui des Transports, voies de communication et désenclavement, Jean-Pierre Bemba Gombo semble avoir perdu de vue l’essentiel : servir plutôt que diviser. Ce vétéran de la politique congolaise, ancien sénateur, ex-ministre de la Défense et leader du MLC, accumule les égarements. Alors que les Congolais attendent des solutions concrètes face aux embouteillages étouffants et aux infrastructures délabrées, le surnommé « Chairman des Kinois » se comporte en « lion devenu chacal », rongeant les restes des vieilles rancœurs plutôt que de chasser les progrès nécessaires.
Dans un contexte où la RDC fait face à l’agression du M23 soutenu par le Rwanda, Jean-Pierre Bemba a choisi la diversion. Depuis quelques mois, il mène une campagne de dénigrement contre Joseph Kabila, son ancien allié de l’ère « 1+4 ». Lors d’un meeting samedi 22 mars dernier, au Stade Vélodrome dans la commune de Kintambo à Kinshasa, il a ressorti des vieilles rumeurs – jamais étayées – sur les origines de l’ex-président, affirmant sans preuve que Kabila serait « le fils d’un Rwandais et d’une Tanzanienne ».
« Joseph Kabila, le nom que vous entendez souvent, ce n’est pas son vrai nom. Son nom est Hypolite Kanambe. Ses parents sont rwandais et son père rwandais a été tué dans les affrontements de Laurent-Désiré Kabila. »
« Que Kabila soit Rwandais ou pas, en quoi cela nourrira-t-il un enfant de Goma ou désengorgera-t-il Kinshasa ? », s’indignent des citoyens interrogés. Ces attaques, déjà propagées par l’UDPS, rappellent les heures sombres de 2006, où Jean-Pierre Bemba, refusant sa défaite électorale, avait enflammé Kinshasa avec ses miliciens, laissant des traces de sang sur le pavé.
Un ministère en friche, des routes en ruine
Pendant que Jean-Pierre Bemba s’enlise dans des combats d’arrière-garde, son ministère tombe en léthargie. Les dossiers urgents – la réhabilitation des axes routiers, la modernisation des transports urbains – croupissent sous des piles de rapports ignorés. Les Kinois, coincés dans des bouchons monstres, ironisent : « Notre ministre voyage en hélicoptère, mais nos bus restent en panne. »
Certains observateurs y voient une revanche tardive : après son acquittement à la CPI, le leader du MLC avait affiché une retenue calculée. Aujourd’hui, sa rhétorique incendiaire trahit une frustration mal digérée, au détriment d’un pays qui a besoin de ponts, pas de tranchées.
La RDC n’a pas besoin de guerres d’ego, mais de dirigeants qui regardent vers l’avant. Si le ministre Jean-Pierre Bemba persiste à jouer les « pyromanes politiques », il risque de réduire en cendres sa propre crédibilité – et avec elle, les espoirs placés dans son ministère. Le temps presse : les Congolais méritent des routes, pas des rumeurs.
Bertin Al-bashir
