Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi 10 mars 2025, par le porte-parole des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans le Grand Nord, le Colonel Mak Hazukay, un militaire rwandais capturé par les forces congolaises a livré un témoignage aussi surprenant qu’émouvant. Sega Tarama Dieu-Donné, un soldat de l’Armée rwandaise (RDF), a été arrêté à Bikenge, dans le territoire de Walikale, en pleine zone d’opérations contre le groupe armé M23.
Âgé de 25 ans et informaticien de formation, Dieu-Donné faisait partie d’un groupe de 30 soldats recrutés par le M23 pour mener des missions de renseignement numérique. Selon ses déclarations, il aurait franchi la frontière entre le Rwanda et la RDC à Goma le 22 février dernier, en compagnie de ses camarades. Après de violents affrontements, il est aujourd’hui le seul survivant de son unité.
Devant les médias, le jeune soldat a exprimé une crainte profonde de retourner dans son pays d’origine. « Ne me ramenez pas au Rwanda, sinon je serai tué à mon arrivée », a-t-il affirmé, visiblement terrifié à l’idée de subir des représailles. Bien que détenu par les FARDC, il a souligné qu’il était bien traité et ne manquait de rien pour assurer sa survie. Il a également révélé avoir été conduit au front via la petite barrière de Goma avant d’être capturé par les forces congolaises.
Ce témoignage met en lumière les conditions de vie et les motivations des soldats rwandais engagés aux côtés du M23, tout en soulevant des questions sur les dynamiques complexes du conflit dans la région. La peur exprimée par Dieu-Donné d’un retour au Rwanda suggère des tensions internes et des risques politiques importants, qui pourraient refléter une réalité plus large au sein des forces rwandaises impliquées dans ce conflit.
Le Nord-Kivu, région frontalière entre la RDC et le Rwanda, est depuis des années le théâtre de violences impliquant divers groupes armés, dont le M23, accusé d’être soutenu par Kigali. Les allégations de présence de soldats rwandais en territoire congolais alimentent régulièrement les tensions entre les deux pays. Le témoignage de Dieu-Donné pourrait ainsi relancer le débat sur l’implication directe ou indirecte du Rwanda dans ce conflit, ainsi que sur le sort réservé aux soldats rwandais capturés.
Les FARDC ont assuré que l’affaire serait traitée avec transparence, tout en appelant à une enquête approfondie pour éclaircir les circonstances de cette capture et les conditions de recrutement des soldats rwandais. Pour l’heure, le sort de Sega Tarama Dieu-Donné reste incertain, mais son témoignage résonne comme un appel à une meilleure compréhension des réalités humaines derrière ce conflit complexe.
