Une tragédie de grande ampleur a endeuillé la province de l’Équateur dans la nuit du 10 septembre 2025, aux alentours de 22 heures. Une pirogue motorisée, dénommée Bokenda, partie de Waka à destination de Basankusu, a chaviré sur la rivière, provoquant la mort de plus de 100 personnes, selon les premières estimations du Panel des experts de la société civile – Coordination provinciale de l’Équateur.
Parmi les victimes figurent de nombreux élèves, ce qui renforce l’émotion nationale face à un drame qualifié de « catastrophe évitable » par plusieurs acteurs de la société civile.
Seules huit personnes ont pu être sauvées, grâce à l’intervention rapide et courageuse des riverains. Aucune opération officielle de secours n’aurait été déployée dans l’immédiat.
Une tragédie révélatrice d’un profond laxisme
Dans un communiqué publié au lendemain du drame, la société civile a fermement dénoncé l’irresponsabilité des autorités. Elle pointe du doigt :
• l’absence de contrôle systématique des embarcations fluviales,
• le non-respect des normes de sécurité (surcharge, absence de gilets de sauvetage),
• la quasi-inexistence de services de secours d’urgence dans les zones reculées,
• et le manque de campagnes de sensibilisation sur les dangers liés au transport fluvial.
« Cette tragédie n’est pas un accident, c’est le résultat d’un abandon institutionnel. Le transport fluvial en RDC est livré à lui-même, sans règles, sans encadrement, sans responsabilité », déplore un membre de la société civile locale.
Un mal systémique dans le transport fluvial congolais
Ce drame n’est pas isolé. Chaque année, des dizaines de naufrages sont enregistrés sur les rivières du pays, notamment dans les provinces enclavées comme l’Équateur, la Tshopo ou la Mongala. En cause : la surcharge systématique, les pirogues vétustes, le manque d’équipements de sécurité, et l’absence de présence étatique effective sur les voies navigables.
Malgré les alertes répétées, aucune réforme structurelle du secteur fluvial n’a été mise en œuvre à ce jour.
Une province en deuil, une nation interpellée
Les familles des victimes attendent désormais des réponses, des responsabilités et, surtout, des actions concrètes pour qu’un tel drame ne se reproduise plus.
La société civile exige notamment :
• un audit urgent du transport fluvial dans toutes les provinces concernées,
• la mise en place d’un cadre réglementaire strict pour les embarcations,
• la création d’unités de secours fluviaux équipées et formées,
• et une enquête indépendante pour établir les responsabilités dans ce naufrage.
Ce naufrage meurtrier sur la rivière Bokenda est bien plus qu’un drame isolé : c’est le symptôme d’un dysfonctionnement profond dans la gestion des transports fluviaux en RDC. Le silence ou l’inaction des autorités à ce stade ne fera qu’aggraver la crise de confiance entre les citoyens et l’État.
Face à ce deuil collectif, la mémoire des victimes exige des réponses, de la justice, et surtout, des changements durables.
Rédaction
